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Le chemin du Comte et le Chemin Léonais




Dernière mise à jour 8 octobre 2018

Introduction

Entre Croas Oannec au sud de Sizun et le Mont-Saint-Michel-de-Brasparts, le Chemin du Comte marquait la limite entre les comtés de Léon et de Cornouaille. D'après S. Le Pennec, ce chemin était médiéval et pouvait se prolonger par le Chemin Léonais appelé aussi Hent Leoneg ou Hentmeur Leoneg [1, p. 58]. Y. Le Brigant fait passer le Chemin Léonais par le sud de Lannéanou, Guerlesquin et le Vieux-Marché [2] [3, p. 111].

Dans cet article, nous allons voir si ces chemins peuvent être prolongés.

Prolongement du Chemin du Comte à l'ouest de Croaz Oannec

A Croas Oannec à la limite de Sizun, Hanvec et Lopérec, la carte de l'état-major et les photos aériennes de 1952 [4] indiquent qu'une continuation vers l'ouest du Chemin du Comte est possible. Le chemin pouvait continuer par Goulaouren et Lesvénez sur la commune de Hanvec, rejoindre l'actuelle D18 au nord de Pont Névez. De là il passait Roudouhir, puis à 100m au sud du bourg de Hanvec avant de se diviser, une branche partant vers le bourg du Faou, une autre vers la chapelle de Lanvoy au bord de la Rade de Brest. Sur la commune d'Hanvec, tous les vestiges gallo-romains ont été trouvés près de la chapelle de Lanvoy [5].

Première possibilité de prolongement du Chemin Léonais vers l'ouest : continuation vers le Chemin du Comte

Le Chemin Léonais est supposé relier Guerlesquin à l'Abbaye du Relecq. Venant de Guerlesquin à l'est, il commence par suivre un itinéraire confondu ou proche de l'actuelle D42. Il passe à 300m au sud du bourg de Lannéanou, puis se confond avec l'actuelle D111 jusqu'à Kermeur sur la commune de Plougonven.

De là, au Moyen Age, il pouvait rejoindre l'abbaye de Relecq. Cependant, un autre itinéraire a pu exister. Passant entre la Roche Saint-Barnabé et les Rochers du Cragou, il pouvait rejoindre les crêtes des Monts d'Arrée et passer près du Roc'h Trédudon et du Roc'h Trévézel en suivant plusieurs limites de communes : Plounéour-Ménez-Berrien, Plounéour-Ménez-La-Feuillée, Commana-Botmeur. Sur cette dernière limite, le chemin est appelé "An ent callec" (le chemin dur) dans le cadastre de Commana de 1812 [6]. De là le chemin pouvait passer à l'ouest du Tuchenn Kador, légèrement au nord de Roudouderc'h, et se confondre avec le Chemin du Comte.

En plus, ou à la place d'une jonction entre le Chemin du Comte et le Chemin Léonais, on peut aussi envisager une continuation du Chemin du Comte vers le Mont-Saint-Michel-de-Brasparts au sud-est. Dans le prolongement, le cadastre de 1813 de Loqueffret indique une "Route du Faou à Plonevez" (limite nord de la section E1 correspondant à l'actuel GR37).

Seconde possibilité de prolongement du Chemin Léonais vers l'ouest : fusion dans la voie romaine Carhaix-Kerilien-Landerneau

Venant de l'est et arrivant sur la commune du Cloître-Saint-Thégonnec, le Chemin Léonais ne continue pas nécessairement vers le Roc'h Trédudon et le Roc'h Trévézel. Il peut aussi se fondre dans la voie romaine de Carhaix à Kerilien ou Landerneau par Plounéour-Ménez. Il pouvait passer soit par l'abbaye du Relecq, soit à 1500m au sud. Dans ce cas, le Chemin Léonais donne effectivement accès au Léon et son nom prend tout son sens.

D'après Y. Le Brigant, saint Éner (ou Énéour) était le saint patron de la paroisse de Guerlesquin jusqu'à la Révolution. Il aurait fondé un ermitage près de Saint-Ener à 1km au sud-ouest du bourg. De là, peut-être en suivant d'anciennes voies gallo-romaines, il serait parti vers le territoire qui porte son nom, Plounéour-Ménez [2, p. 39].

Ainsi, une fusion du Chemin Léonais dans la voie romaine de Carhaix-Kerilien ne semble pas impossible. La voie qui vient de Carhaix et passe par Plounéour-Ménez est vraisemblablement pré-romaine. A Créac'h ar Bleiz à 1km au sud-ouest de Guimiliau, alors que la voie romaine continuait vers Kerilien, la voie pré-romaine pouvait prendre la direction de Landerneau.

Prolongement du Chemin Léonais à l'est de Guerlesquin

A l'est de Guerlesquin, le Chemin Léonais pouvait continuer vers le nord-est, franchir le Guic et passer au nord de Plougras pour se diriger vers le Château de Kerroué. De là, deux prolongements sont possibles, un vers Keramanac'h à la limite de Plounérin et de Plounévez-Moëdec, et un autre vers Loguivy-Plougras. De Loguivy-Plougras, le chemin pouvait continuer soit vers l'est du bourg de Plounévez-Moëdec puis le Vieux-Marché et Lannion, soit vers Belle-Isle-en-Terre puis Guingamp.

A l'est de Guerlesquin, on peut aussi envisager un prolongement vers l'est, vers Loc-Envel ou Plougonver.

Conclusion

Même si les connaissances sur le Chemin du Comte et le Chemin Léonais sont encore très fragmentaires, il apparaît que le Chemin Léonais, et peut-être aussi le Chemin du Comte, pouvaient exister avant le Moyen Age, peut-être dès l'Age du fer.

A l'est de Guerlesquin, le Chemin Léonais pouvait continuer par Plounérin, Plounévez-Moëdec, Belle-Isle-en-Terre, Loc-Envel ou Plougonver. Il pourrait ainsi rejoindre Lannion, Guingamp ou Châtelaudren. Malheureusement, on manque de données pour pouvoir valider l'une des ces hypothèses.

Depuis Guerlesquin vers l'ouest, toujours sans certitude, on peut envisager des liaisons pré-romaines vers Le Faou ou vers Landerneau.

 

Y. Autret
Octobre 2018

Références

  1. S. Le Pennec. Le réseau routier antique du Nord-Ouest du territoire osisme : les tracés et leur environnement humain. Thèse. Université de Rennes 2. 2000.
  2. Y. Le Brigant. Du vieux chemin au village région de Guerlesquin. 1968.
  3. Y. Le Brigant. Passages inédits de voies romaines. Problèmes d'origines, Guerlesquin. 1976.
  4. Photo aériennes IGN 1950-1965. En ligne sur http://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-3.062940&y=48.070046&z=8&layer1=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS.SCAN-EXPRESS.STANDARD&layer2=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS.1950-1965&mode=doubleMap
  5. P. Galliou. Carte archéologique de la Gaule Finistère. Maison des Sciences de l'Homme. 495 pages. Paris 2010.
  6. Archives départementales du Finistère. Cadastre napoléonien. En ligne sur http://www.archives-finistere.fr/salle-de-lecture